1) Pouvez-vous, vous présenter ?
Je m'appelle Lou, réunionnaise, d'origine méditerranéenne. J'ai fais toutes mes études à La Réunion, et suis arrivée en France depuis la spécialité, à Dijon.
Insulaire dans le cœur, je suis vite descendue dans le Sud.
2) En quoi consiste votre métier au quotidien ?
Aujourd'hui, officiellement je suis "Gestionnaire des marchés publics alimentaires", en remplacement d'un congé parental, à la cuisine centrale municipale de Nice. C'est l'entreprise qui fournit tous les repas dans toutes les écoles et crèches, et centres Covid de la ville de Nice.
En réalité, j'ai plusieurs missions, dont la gestion des marchés alimentaires, ce qui pourrait correspondre à "responsable des achats" dans le privé. Mes autres missions, en tant que membre du "bureau des ingénieurs", dans le département qualité-maintenance, peuvent aller de mettre en place des nouveaux process de fabrication, à l'optimisation des performances des équipements, en passant par de la qualité opérationnelle. Je travaille donc en transversalité avec tous les départements : logistique, diététique, production, direction, service consommateurs,...
Chaque jour je traite des marchés (les préparer (veille de marché, réglementaire et technique), les créer, les analyser, les défendre en Conseil,... Je vais en zone de production et fais des essais en fonction du projet sur lequel je travaille (prélèvements d'analyses d'eau, prises de températures sur la journée, la semaine, ...). Je créer et analyse des bases de données à partir des feuilles d'enregistrement de production, pour en tirer des conclusions sur la performance des équipements. Bien sûr, rendre des comptes à la Direction.
3) Quel a été votre parcours avant d’arriver à ce poste ?
Je suis de la promo 2018 agroalimentaire, spé Sufficient. Après presque 3 ans en tant que responsable R&D à Monaco dans le privé, j'ai décidé de tester le public, et travaille aujourd'hui pour la Ville de Nice, à la cuisine centrale municipale.
4) Qu’est-ce qui vous plaît dans votre métier ?
Je suis très tournée vers la nutrition. Aujourd'hui, j'aime le service proposé aux enfants de la ville, qui est de qualité organoleptique, nutritionnel et environnemental. Ce qui importe beaucoup dans un travail aussi à mon sens, est d'en trouver un. C'est donc important pour moi de savoir que je suis participe à ce service. Les valeurs véhiculées par la cuisine centrale me sont motrices.
De plus, les équipes sont bienveillantes et travaillent de cœur chaque jour pour proposer le meilleur service possible. C'est une vraie fierté de sentir qu'on a sa place, qu'on nous la donne et qu'on la prend.
Enfin sur la partie très technique, même si avec mon background de R&D je peux parfois être frustrée de ne pas travailler le produit fini, je complète les compétences techniques d'usine, que je n'avais pas mobilisées depuis 3 ans. La CC comporte des équipements dignes d'usine, alors la production est très intéressante, la maintenance et la performance.En plus du fait que, comme dit précédemment, la transversalité des compétences qu'on doit avoir à ce poste m'a vraiment impressionné et matière chaque jour de plus en plus
5) Est-ce difficile d’être une femme dans votre milieu ? Ou est-ce un avantage ?
Travaillant dans la partie "administrative" de part le département RD ou qualité, je suis plutôt entourée de femmes, des mêmes écoles, des mêmes profils, donc l'intégration n'est pas un soucis. Le plus compliqué est de faire la navette entre la production et la matrice "admin". En effet, la production est assurée par des hommes, qui doivent sont là depuis très longtemps. Cela étant, à la cuisine centrale les équipes sont soudées et tellement tournées vers l'amélioration continue que l'intégration s'est bien mieux passée qu'imaginée.
Ni un avantage, ni une tare. Mon genre n'est pas une question pour moi.
6) Y’a-t-il des freins au fait d’être une femme dans votre métier ?
Je ne pense pas que dans mon métier actuel être une femme est un frein. Je ne veux pas nier cependant le fait qu'être une femme, d'autant plus ingénieure, est très compliqué. En fait, dans mon ancien métier, je travaillais beaucoup avec la Direction, des médecins et des commerciaux, souvent des hommes. C'est vrai, il y a des traitements différents. C'est vrai, il y a eu des actes qu'on pourrait qualifier de harcèlement. C'est vrai que chaque jour était une bataille pour qu'on accepte que j'ai un projet, et que mon genre n'avait rien à faire dans mon projet. C'est bon d'en avoir conscience, tout n'est pas rose. Et en fonction du métier, on peut davantage subir. Peut être en fonction du pays aussi (?).
Aujourd'hui, dans mon métier actuel, je n'ai plus ce soucis, si tenté qu'il ait été un souci un jour.